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Page:Daudet – Les Rois en exil – Éditons Lemerre.djvu/138

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qu’à lui par-dessus la tête de l’enfant un fier sourire satisfait.

Cependant sur le sable, dans la cour d’honneur où sonnaient les timbres retentissants de l’arrivée, on entendait le roulement sourd des carrosses de gala qui étaient allés chercher les députés à leur hôtel. Les portières claquaient, des pas s’amortissaient sur les tapis du vestibule et du salon dans un murmure de paroles respectueuses. Puis un long silence se fit, dont Méraut s’étonna, car il attendait le discours du roi, l’effort de sa voix nasillarde. Que se passait-il donc, quelle hésitation dans l’ordre prévu de la cérémonie ?…

À ce moment, rasant les murs, les espaliers noircis du jardin frileux et clair, celui qu’il croyait dans la pièce voisine à présider la réception officielle lui apparut, marchant d’un pas raide et gêné. Il avait dû rentrer par la porte dérobée cachée dans les lierres de l’avenue Daumesnil et s’avançait lentement, péniblement. Élisée pensa d’abord à un duel, à quelque accident, et peu après le bruit d’une chute à l’étage supérieur, d’une chute qu’on aurait dit retenue aux meubles, aux tentures de la chambre, tellement elle fut longue et lourde, accompagnée d’un fracas d’objets à terre, le confirma dans son idée. Il monta vite chez le roi. La chambre de Christian, en demi-cercle dans l’aile principale du