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Page:Daudet – Les Rois en exil – Éditons Lemerre.djvu/144

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leaux défaits de piastres et des liasses de papier-monnaie. Mais les vastes sous-sols de l’agence, ouvrant sur la rue au ras du trottoir par des sortes de hublots grillagés, servent d’assise solide et sérieuse à l’étalement un peu criard de la vaste boutique, procurent l’impression de magasins cossus de la cité de Londres soutenant le chic et le « fla-fla » d’une vitrine du boulevard de la Madeleine. Cela déborde là-dessous de richesses de toutes sortes, barriques alignées, ballots d’étoffes, entassements de caisses, de coffres, de boîtes de conserves, profondeurs pleines à donner le vertige, comme lorsque sur le pont d’un « packet » des messageries, en partance, le regard plonge dans la cale béante du navire qu’on est en train d’arrimer.

Ainsi disposée, solidement tendue en plein remous parisien, la nasse agrippe à la volée une foule de gros et de petits poissons, même du fretin de la Seine, le plus subtil de tous ; et si vous passez par là vers trois heures de l’après-midi, vous la trouverez presque toujours remplie.

À la porte vitrée sur la rue Royale, haute, claire, dominée d’un large fronton de bois sculpté, — entrée de magasin de nouveautés ou de modes, — se tient le chasseur de la maison, militairement galonné, tournant le bouton dès qu’il vous voit, tendant un para-