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Page:Daudet – Les Rois en exil – Éditons Lemerre.djvu/148

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du sous-sol, pas plus qu’on ne transporte de marchandise dans les voitures armoriées, dorées, vernissées, timbrées J. T. L., qui passent au grand galop, d’autant plus rapides qu’elles sont vides, dans les beaux quartiers de Paris, réclame ambulante et bruyante brûlant le pavé avec cette activité enragée qui distingue hommes et bêtes à l’agence Tom Lévis. Qu’un pauvre diable, grisé par tout cet or, crève d’un coup de poing la vitrine du change et plonge goulûment sa main sanglante dans les sébiles, il la retirera pleine de jetons ; s’il prend cette énorme liasse de bank-notes, c’est un billet de vingt-cinq livres qu’il emportera sur une ramette de papier bulle. Rien aux étalages, rien dans le sous-sol, rien, rien, pas ça !… Mais pourtant le porto que ces Anglais dégustent ? la monnaie qu’emporte ce boyard contre ses roubles ? le petit bronze empaqueté pour cette Grecque des Iles ?… Oh ! mon Dieu, rien de plus simple. La bière anglaise vient de la taverne à côté ; l’or, de chez un changeur du boulevard ; le bibelot, de la boutique de « Chose » de la rue du Quatre-Septembre. C’est l’affaire d’une course vivement faite par deux ou trois employés qui attendent dans le sous-sol les ordres que leur transmettent les tuyaux acoustiques.

Sortis par la cour de la maison voisine, ils reviennent en quelques minutes, émergent de