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Page:Daudet – Les Rois en exil – Éditons Lemerre.djvu/152

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diaire indispensable de tous ces plaisirs, qu’un louis ne s’échangeait pas sans qu’il l’eût préalablement rogné, et qu’aux étrangers de sa clientèle se joignaient quelques bons vivants parisiens d’alors, amateurs de gibiers rares, braconniers de chasses gardées, qui s’adressaient à l’ami Tom comme à l’agent le plus fin, le plus habile, et aussi parce que derrière son français barbare, sa difficulté d’élocution, leurs secrets paraissaient plus en sûreté. Le cachet J. T. L. a scellé toutes les histoires scandaleuses de cette fin de l’empire. C’est au nom de J. Tom Lévis qu’était toujours retenue la baignoire n° 9 de l’Opéra-Comique, où la baronne Mils venait chaque soir pendant une heure entendre son ténorino, dont elle emportait, après la cavatine, dans les dentelles de son corsage, le mouchoir trempé de sueur et de blanc de céruse. Au nom de J. Tom Lévis, le petit hôtel de l’avenue de Clichy, loué de compte à demi sans qu’ils s’en doutent et pour la même femme aux deux frères Sismondo, deux banquiers associés qui ne pouvaient quitter leur comptoir à la même heure. Ah ! les livres de l’agence à cette époque, quels beaux romans en quelques lignes :

« Maison à deux entrées, sur la route de Saint-Cloud. — Location, mobilier, indemnité au locataire…, tant ».

Et au-dessous :