Aller au contenu

Page:Daudet – Les Rois en exil – Éditons Lemerre.djvu/21

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
16
LES ROIS EN EXIL

— Oh ! certainement, c’est plus sage… répondit la reine, quoique au fond du cœur elle ne partageât pas les illusions de son mari, ni son goût pour les installations provisoires.

À son tour le vieux Rosen hasarda quelques observations. Cette vie d’auberge ne lui semblait guère convenir à la dignité de la maison d’Illyrie. Paris, en ce moment, était plein de souverains en exil. Tous y figuraient de façon somptueuse. Le roi de Westphalie occupait rue de Neubourg une magnifique résidence, avec un pavillon annexe pour les services administratifs. Aux Champs-Élysées, l’hôtel de la reine de Galice était un véritable palais d’un luxe, d’un train royal. Le roi de Palerme avait maison montée à Saint-Mandé, nombreux chevaux à l’écurie, tout un bataillon d’aides de camp. Il n’y avait pas jusqu’au duc de Palma qui, dans sa petite maison de Passy, n’eût un semblant de cour et toujours cinq ou six généraux à sa table.

— Sans doute, sans doute, disait Christian impatienté… mais ce n’est pas la même chose… Ceux-là ne quitteront plus Paris… C’est entendu, définitif, tandis que nous… D’ailleurs il y a une bonne raison pour que nous n’achetions pas de palais, ami Rosen. On nous a tout pris, là-bas… Quelques cent mille francs chez les Rothschild de Naples et notre pauvre diadème que Mme de Silvis a sauvé dans un carton