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Page:Daudet – Les Rois en exil – Éditons Lemerre.djvu/452

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— De passer en correctionnelle à votre place ?…

— Oh ! les choses n’iront pas jusque-là… Seulement les journaux parleront, des noms seront prononcés… Et dans ce moment, avec ce qui se prépare en Illyrie, le mouvement royaliste, notre restauration prochaine, ce scandale serait du plus triste effet…

Comme il avait l’air piteux, l’infortuné Rigolo, attendant la décision de son cousin d’Axel qui ramenait silencieusement ses trois cheveux jaunes devant la glace ! Enfin le prince royal se décida à parler :

— Alors, vous croyez que les journaux ?… Et, tout à coup, de sa voix de ventriloque, veule et endormie : « Chic !… très chic !… Ça va faire enrager mon oncle… »

Il était habillé, prit son stick, campa son chapeau sur l’oreille : « Allons déjeuner… » Bras dessus, bras dessous, par la terrasse des Feuillants, ils rejoignirent le phaéton de Christian attendant à la grille des Tuileries, y montèrent tous les deux, engoncés dans leurs fourrures, car il faisait une belle journée d’hiver d’une lumière rose et froide ; et le svelte équipage partit comme le vent, emportant nos inséparables vers le café de Londres, Rigolo soulagé, tout épanoui, Queue-de-Poule moins somnolent que d’habitude, émoustillé par sa partie de paume et la pensée de cette frasque