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Page:Daudet - Jack, II.djvu/12

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obligé de se cacher se cache si bien qu’on ne sait plus le retrouver. Allons, viens !

Il la retint :

— Comment ! tu voudrais… Quelle folie ! Est-ce possible ?

Mais il était à bout d’arguments, de contrainte, agité par une colère sourde devant la révolte subite de cette volonté. Une ivresse de crime lui montait au cerveau.

— Ah ! c’est trop bête, à la fin, dit-il en s’élançant vers l’escalier.

Clarisse y fut avant lui, se planta sur la première marche :

— Où vas-tu ?

— Laisse-moi… laisse-moi… Il le faut.

Il bégayait.

Elle s’accrocha à lui :

— Ne fais pas ça, je t’en prie.

Mais l’ivresse montait, il n’écoutait plus rien.

— Prends garde… si tu bouges, je crie… j’appelle.

— Eh bien, appelle. Tout le monde saura que tu as ton neveu pour amant et que ton amant est un voleur.

Il lui dit cela de tout près, car ils parlaient bien bas dans cette lutte, saisis malgré eux de ce respect du silence et du sommeil que la nuit porte avec elle. À la rouge lueur du foyer qui s’en allait mourant, il lui apparut tout à coup tel qu’il était réellement, démasqué