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Page:Daudet - Jack, II.djvu/149

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La porte s’ouvrit tout à coup ; et Jack, enveloppé de lumière, se demanda si ce n’était pas cette délicieuse apparition de jeune fille, debout sur le seuil, qui secouait des rayons de sa robe claire, de sa veste de cachemire bleu, de ses cheveux brillants en nimbe sur un front mat, à la fois doux et fier. Ah ! comme il aurait été intimidé, si les yeux de cette belle personne, des yeux d’un gris fin et discret ne lui avaient dit clairement, naïvement : « Bonjour, Jack. C’est moi, c’est Cécile… n’aie donc pas peur, » et si une petite main posée dans la sienne ne lui avait rappelé cette tiédeur aimante qui lui était allée jusqu’au cœur le jour de la quête du quinze août.

— La vie a été bien dure pour vous, M. Jack, grand-père me l’a dit. (Elle le regardait tout émue.) Moi aussi j’ai eu beaucoup de chagrin… Bonne maman est morte… Elle vous aimait bien. Nous causions souvent de vous…

Il n’y avait que Cécile qui parlait. Assis en face d’elle, il la contemplait. Elle était grande, gracieuse dans tous ses mouvements, très simple. En ce moment, appuyée au vieux bureau où madame Rivals écrivait autrefois, elle penchait la tête légèrement pour parler à son ami avec un mouvement d’hirondelle qui gazouille au bord d’un toit.

Jack se souvenait d’avoir vu sa mère bien belle aussi, de l’avoir admirée de tout son cœur ; mais il y avait en Cécile, il se dégageait d’elle je ne sais quel bou-