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Page:Daudet - Jack, II.djvu/298

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Il reconnut la couverture satinée de la revue qu’il avait lue pour la première fois dans la chambre de chauffe du Cydnus, seulement bien plus mince, réduite de moitié, imprimée sur du papier pelure avec cet aspect particulier des revues où l’on ne paye pas. Du reste, la même emphase ridicule, des titres ronflants et creux, des études sociales en délire, de la science en goguette, des poésies de mirliton. Jack ne l’aurait pas même ouvert, ce recueil grotesque, si le titre suivant, en tête du sommaire, n’avait attiré son attention :

LES RUPTURES
Poëme lyrique,
Par le Vte Amaury d’Argenton

Cela commençait ainsi :

à une qui est partie

Quoi ! sans un mot d’adieu, quoi ! sans tourner la tête,
Quoi ! pas même un regard au seuil abandonné ;
Quoi !…

Deux cents vers suivaient, longs et serrés, noircissant les pages comme une prose ennuyeuse ; et ce n’était que le prélude. Afin que l’on ne pût s’y tromper, le nom de Charlotte qui revenait tous les quatre ou cinq vers éclairait le lecteur suffisamment. Jack jeta la brochure en haussant les épaules :

— Et ce misérable a osé t’envoyer cela ?