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Page:Daudet - Jack, II.djvu/305

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beauté de la mère apparaissait pour mieux désespérer l’amant.

— Qu’est-ce que vous venez faire ici ? demanda Jack en travers de la porte, qu’il barrait.

L’autre rougit, pâlit, balbutia :

— Je croyais… on m’avait dit que votre mère était là.

— Elle y est en effet ; mais j’y suis avec elle, et vous ne la verrez pas.

Tout ceci fut dit rapidement, à voix basse, dans un même souffle de haine. Puis Jack, en s’avançant sur l’amant de sa mère avec une violence encore plus pressentie que réelle, le força à reculer, et ils se trouvèrent dans le couloir. Stupide, interloqué, d’Argenton essaya de se mettre d’aplomb à l’aide de quelque attitude, et prenant un air à la fois majestueux et attendri :

— Jack, dit-il, il y a eu pendant longtemps un malentendu entre nous. Mais, maintenant que vous voilà homme et sérieux, bien ouvert aux choses de la vie, il est impossible que ce malentendu s’éternise. Je vous tends la main, cher enfant, une main loyale qui n’a jamais menti à son étreinte.

Jack haussa les épaules :

— À quoi bon cette comédie entre nous, monsieur ? Vous me détestez, et je vous exècre…

— Et depuis quand donc sommes-nous tant ennemis que cela, Jack ?