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Page:Daudet - Jack, II.djvu/359

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barbe blonde, l’œil fin et même un peu railleur. Il tâte le malade, lui adresse quelques questions :

— Quel est votre métier ?

— Mécanicien.

— Est-ce que vous buvez ?

— Je buvais… je ne bois plus.

Puis un silence un peu long.

— Quelle vie avez-vous donc menée, mon pauvre garçon ?

Le médecin n’en dit pas plus, de peur d’effrayer son malade ; mais Jack a surpris dans sa physionomie la même curiosité douloureuse, le même intérêt sympathique qui l’ont accueilli la veille au parvis Notre-Dame. Les internes entourent le lit. Le chef de service leur explique les symptômes qu’il a observés sur le malade. Très intéressants, paraît-il, et très alarmants ces symptômes. À tour de rôle, les élèves viennent s’assurer des observations du maître. Jack tend son dos à toutes ces oreilles curieuses, et, enfin, au milieu des mots « inspiration, expiration, râles sibilants, craquements au sommet et à la base, phthisie aiguë, » il comprend que son état est très grave, si grave qu’après que le médecin a dicté son ordonnance à un interne, la sœur s’approche de son lit, et, doucement, discrètement, lui demande s’il a une famille à Paris, quelqu’un à prévenir, s’il attend des visites aujourd’hui dimanche. Sa famille ? tenez, la voilà. Ce sont ces deux êtres, un homme et une femme, qui se tiennent au