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Page:Daudet - Jack, II.djvu/369

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à coup Jack essaya de se dresser, les yeux grands ouverts :

— Écoutez… écoutez… quelqu’un monte… Elle vient.

On entendait le vent d’hiver dans les escaliers, les derniers murmures d’une foule qui se disperse, et de lointains roulements vers la rue. Il tendit l’oreille un instant, prononça quelques paroles embarrassées ; puis sa tête retomba et ses yeux se fermèrent encore. Il ne se trompait pas pourtant. Deux femmes montaient l’escalier en courant. On les avait laissées entrer, quoique l’heure des visites fût passée. Il est des cas où les consignes abaissent toutes les barrières. Arrivée à la porte de la salle Saint-Jean, après ces cours, ces étages franchis d’un pas rapide, Charlotte s’arrêta :

— J’ai peur… dit-elle.

— Allons, allons, il le faut… fit l’autre… Ah ! tenez, les femmes comme vous, ça ne devrait pas avoir d’enfants.

Et elle la poussa brutalement devant elle. Oh ! la grande pièce nue, les veilleuses allumées, tous ces fantômes à genoux, l’ombre des rideaux projetée, la mère vit cela d’un coup d’œil, puis là-bas tout au fond un lit, deux hommes penchés, et Cécile Rivals, debout aussi pâle qu’une morte, aussi pâle que celui dont elle soutenait la tête sur sa main appuyée.

— Jack ! mon enfant !

M. Rivals se retourna.