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Page:Daudet - Jack, II.djvu/47

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— Mais, monsieur…

— Ne m’interrompez pas, vous vous expliquerez tout à l’heure… de rendre ce qui vous reste des six mille francs volés, car enfin vous n’avez pas pu dépenser six mille francs dans une journée, n’est-ce pas ? Eh bien, donnez-nous ce que vous avez encore, et je me contenterai de vous renvoyer à vos parents.

— Excusez, fit Bélisaire, avançant timidement sa grosse tête avec un sourire aimable plissé d’autant de rides qu’il y a de petites vagues sur la Loire par les vents d’est… Excusez.

Au coup d’œil méprisant et glacial que lui jeta le directeur, il s’arrêta embarrassé, se grattant la tête.

— Qu’avez-vous à dire ?

— Dam !… Comme je vois que l’affaire du vol est arrangée, je voudrais bien, si c’est un effet de votre bonté, qu’on parle un peu de mes chapeaux maintenant.

— Taisez-vous, drôle. Je ne comprends pas que vous ayez l’audace de dire un mot. Comme si nous ne savions pas que le vrai coupable, c’est vous, malgré vos airs doucereux, et que jamais cet enfant, sans vos mauvais conseils, n’aurait commis une action pareille.

— Oh !… fit le malheureux Bélisaire en se tournant vers l’apprenti comme pour le prendre à témoin. Jack voulut protester. Le père Roudic ne lui en laissa pas le temps.

— Vous avez bien raison, monsieur le directeur.