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Page:Daudet - Jack, II.djvu/79

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Des fenêtres entr’ouvertes du rez-de-chaussée s’échappait un bruit joyeux de rondes bretonnes, de pas villageois qui frappaient lourdement sur le parquet comme sur une aire fraîchement battue. On dansait « au son des bouches, » comme ils disent en Bretagne, et l’on dansait avec cet entrain que la voix donne au rhythme et à la mesure.

— « C’est impossible… Ce n’est pas là… » se disait d’Argenton préparé à trouver une maison désolée où il entrerait comme un rédempteur.

Tout à coup, on cria :

— Allons ! Zénaïde, le Plat d’Étain !…

Et plusieurs voix reprirent bruyamment :

— Oui, oui, Zénaïde, le Plat d’Étain…

Zénaïde ! C’était bien le nom de la fille de Roudic. Ces gens-là prenaient leur désastre gaiement, par exemple ! Pendant qu’il hésitait encore, une voix de femme commença sur un ton suraigu :

C’est dans la cour du Plat-d’Étain.

À quoi le chœur, mêlé de quelques voix d’hommes, répondit :

C’est dans la cour du Plat-d’Étain.

Et tout de suite un tourbillon de coiffes blanches se mit a passer devant la fenêtre avec le claquement des jupons de drap, l’effort des voix essoufflées.

— Allons, brigadier… Allons, Jack…, criait-on.