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Page:Daudet - Jack, II.djvu/81

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vec nous dans la maison. Eh bien ! monsieur, c’est justement cette preuve que je viens détruire. Il y avait un autre homme que Jack cette nuit-là chez nous.

— Un homme ! le Nantais ?

Elle fit signe : « Oui, le Nantais… »

Oh ! qu’elle était pâle.

— Alors, c’est le Nantais qui a pris l’argent ?

Y eut-il un moment d’hésitation sur cette figure de morte ? En tout cas sa réponse fut assurée et calme.

— Non. Ce n’est pas le Nantais qui a pris l’argent… C’est moi… pour le lui donner.

— Malheureuse femme !

— Oui ! oui, bien malheureuse. Il disait que c’était seulement pour deux jours, et j’ai attendu tout ce temps-là, devant le désespoir de mon mari, les larmes de Zénaïde, devant l’horrible crainte de voir condamner un innocent… Quel supplice !… Rien ne venait. Alors j’ai écrit un mot : Si demain, à onze heures, je n’ai rien reçu, je me dénonce et vous aussi… Et me voilà.

— Vous voilà, vous voilà !… Mais que voulez-vous que je fasse ?

— Je veux que vous arrêtiez les vrais coupables, maintenant que vous les connaissez.

— Mais votre mari ?… Il en mourra de ce double déshonneur.

— Et moi donc ! dit-elle avec une amère fierté.