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Page:Daudet - La Belle-Nivernaise, 1886.djvu/214

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Deux grands diables entrent, timides, sanglés, cramoisis ; l’un d’eux, je crois bien, joue la comédie quelque part aujourd’hui. On dispose un paravent, je m’installe et la représentation commence.

« — Ils ne vont pas trop mal, me disait Augustine Brohan à mi-voix, mais quelles bottes !… Monsieur le critique, flairez-vous les bottes ? » Cette intimité avec la plus spirituelle comédienne de Paris me ravissait au septième ciel. Je me renversais sur le divan, hochant la tête, souriant d’un air entendu… Mon habit en craquait de joie.

Le moindre de ces détails me paraît énorme aujourd’hui. Voyez pourtant ce que c’est que l’optique : j’avais raconté à Sarcey l’histoire comique de mes débuts dans le monde. Sarcey, un jour, la répéta à Augustine Brohan. Eh bien ! cette ingrate Augustine — que depuis