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Page:Daudet - La Belle-Nivernaise, 1886.djvu/249

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trouva sa langue tout à coup : « Eh bien, oui, je me suis échappé ! Je ne veux plus aller à l’école. Je n’apprendrai jamais l’allemand, une langue de pillards et d’assassins. Je veux parler français comme mon père et ma mère. » Il tremblait, il était terrible.

— « Tais-toi, Gaspard… » lui disait l’oncle ; mais rien ne pouvait l’arrêter. « C’est bon… c’est bon… Laissez-le… Nous viendrons le chercher avec les gendarmes… » Et M. Klotz ricanait. Il y avait un grand couteau sur la table ; Gaspard le prit avec un geste terrible qui fit reculer le maître :

« Eh bien ! amenez-les vos gendarmes. » Alors l’oncle Hénin, qui commençait à prendre peur, se jeta sur son neveu, lui arracha le couteau des mains, et je vis une