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Page:Daudet - Port-Tarascon, 1890.djvu/17

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beau conte parfumé et doré des bords du Rhône, comme le Gœthe provençal en sème à la volée, de ses deux mains toujours ouvertes, dont l’une est poésie et l’autre réalité.

Ô miracle des mots, magique concordance de l’heure, du décor et de la fière légende paysanne que le poète déroulait pour nous tout le long de l’étroit chemin, entre les champs d’oliviers et de vignes !… Qu’on était bien, que la vie m’était blanche et légère !



Tout à coup mes yeux se voilèrent, une angoisse m’étreignit le cœur. « Père, comme tu es pâle ! » me dit mon fils, et j’eus à peine la force de murmurer, en lui montrant le château du roi René, dont les quatre tours me regardaient venir du fond de la plaine : « Voilà Tarascon ! »