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Page:Daudet - Port-Tarascon, 1890.djvu/190

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toyant jusqu’au fond avec leurs doigts ruisselants d’huile. Puis, après de larges lampées d’eau-de-vie qu’il semblait aimer tout particulièrement, le roi, à la grande stupeur de Tartarin et des autres, entonna d’une voix rauque :

Dé brin o dé bran
Cabussaran
Dou fenestroun
De Tarascoun
Dedins lou Rosé

Cette chanson tarasconnaise éructée par ce sauvage aux lèvres lippues, aux dents noires de bétel, prenait une physionomie fantastique et féroce. Mais comment Négonko savait-il le tarasconnais ?

Après un moment de stupéfaction, on s’expliqua.

Pendant les quelques mois de voisinage avec les infortunés passagers de la Farandole et du Lucifer, les Papouas avaient appris le parler des bords du Rhône ; ils le dénaturaient bien un peu mais, les gestes aidant, on pouvait parvenir à s’entendre.

Et l’on s’entendit.

Interrogé au sujet du duc de Mons, le roi