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Page:Daudet - Port-Tarascon, 1890.djvu/214

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et des rires. Ah ! le joli peuple, et vraiment commode à manier !


10 décembre. — Un honneur inouï m’arrive : je suis promu grand de première classe.

Trouvé le brevet ce matin à déjeuner sous mon assiette. Le Gouverneur s’est montré très heureux d’avoir pu m’accorder cette haute distinction ; Branquebalme, Beaumevieille, le Révérend, ont paru aussi enchantés que moi-même de la nouvelle dignité qui me fait leur égal.

Le soir, descendu chez les des Espazettes, où la nouvelle était déjà connue. Le marquis m’a donné l’accolade devant Clorinde, toute rouge de plaisir. La marquise seule semblait indifférente à mes nouveaux honneurs. Pour elle, ce manteau de grand ne me relève pas encore de ma roture. Que lui faudrait-il donc ?… De première classe !… Et à mon âge !…


14 décembre. — Il se passe quelque chose d’extraordinaire au Gouvernement, de si extraordinaire que j’ose à peine le confier à ce registre.