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Page:Daudet - Port-Tarascon, 1890.djvu/253

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À ce moment le steward vint présenter le menu à M. le Gouverneur, qui s’attablait quelques instants après, avec son secrétaire, en face d’un excellent dîner au Champagne, où figuraient de superbes tranches de saumon, un roastbeef rosé, cuit à miracle, et pour dessert le plus savoureux pudding. Tartarin le trouva si bon qu’il en fit porter une bonne part au Père Bataillet et à Branquebalme ; quant à Pascalon, il confectionna quelques sandwichs de saumon qu’il mit de côté. Est-il besoin de dire pour qui, pécaïre !

Dès le deuxième jour de navigation, lorsque l’île ne fut plus en vue, comme si elle eût été au milieu de ces archipels un réservoir isolé de brouillards et de pluie, le beau temps apparut.

Chaque matin, après le déjeuner, Tartarin montait sur le pont et s’installait à une place, toujours la même, pour causer avec Pascalon.

Ainsi Napoléon, à bord du Northumberland, avait son poste favori, ce canon auquel il s’appuyait et qu’on appelait le canon de l’Empereur.

Le grand Tarasconnais pensait-il à cela ? Cette coïncidence était-elle voulue ? Peut-