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Page:Daudet - Port-Tarascon, 1890.djvu/291

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de Beaucaire. On y venait de partout, — pas de Tarascon, par exemple, le pont en fil de fer est si dangereux ! — C’était une affluence énorme, plus de cinq cent mille âmes au moins, ensemble sur le champ de foire !… D’année en année tout cela s’est vidé. La foire de Beaucaire existe toujours, mais personne n’y vient.

En ville on ne voit que des écriteaux : À louer…, À louer…, et s’il arrive par hasard un voyageur, un représentant de maison de commerce, l’habitant lui fait fête, on se l’arrache, le conseil municipal va au-devant de lui, musique en tête. Finalement, Beaucaire a perdu tout renom ; tandis que Tarascon devenait célèbre… Et grâce à qui, sinon à Tartarin ?


Monté sur ma table, tout à l’heure, je regardais dehors en songeant à ces choses. Le soleil disparu, la nuit venait, et tout à coup, de l’autre côté du Rhône, un grand feu s’alluma sur la tour du château de Beaucaire.

Il brûla longtemps, longtemps je le regardai, et il me sembla qu’il avait quelque