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Page:Daudet - Port-Tarascon, 1890.djvu/61

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grande machination qui le soir même se trouvait lancée.

Entre temps, il organisait un comité d’actionnaires marseillais sous la présidence du banquier grec Kagaraspaki, et des fonds étaient versés à la banque ottomane Pamenyaï-ben-Kaga, maison de toute sécurité.

Tartarin passait maintenant sa vie, une vie enfiévrée, à voyager de Tarascon à Marseille et de Marseille à Tarascon. Il chauffait l’enthousiasme de ses concitoyens, continuait la propagande locale, et tout à coup filait par l’express pour aller assister à quelque conseil, quelque réunion d’actionnaires. Son admiration pour le duc grandissait chaque jour.

Il donnait à tous comme exemple le sang-froid du duc de Mons, la raison du duc de Mons :

« Pas de danger qu’il exagère, celui-là ; avec lui, pas de ces coups de mirage que Daudet nous a tant reprochés ! »

En revanche, le duc se montrait peu, toujours abrité sous sa gaze à moustiques, parlait encore moins. L’homme du Nord s’effaçait devant l’homme du Midi, le mettait