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Page:Daudet - Port-Tarascon, 1890.djvu/64

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au point du jour, emportant dans ses flancs, avec les destinées de tout un peuple, des pacotilles pour les sauvages et un chargement d’instruments aratoires. Huit cents émigrants à bord, tous Tarasconnais, parmi lesquels Bompard, gouverneur provisoire de la colonie, Bézuquet, médecin-pharmacien, le Révérend Père Vezole, le notaire Cambalette, cadastreur. Je les ai conduits moi-même au large. Tout va bien. Le duc rayonne, Faites imprimer.

Tartarin de Tarascon.


Ce télégramme, affiché dans toute la ville par les soins de Pascalon, à qui il était adressé, la remplit d’allégresse. Les rues avaient pris un air de fête, tout le monde dehors, des groupes arrêtés devant chaque affiche de la bienheureuse dépêche, dont les mots se répétaient de bouche en bouche : « Huit cents émigrants à bord… Le duc rayonne… » Et pas un Tarasconnais qui ne rayonnât comme le duc.

C’était la deuxième fournée d’émigrants qu’un mois après la première emportée par le vapeur Lucifer, Tartarin, investi du beau titre et des importantes fonctions de