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Page:Daudet - Port-Tarascon, 1890.djvu/71

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Du reste elle n’était pas la seule que ce prochain déménagement pour des îles inconnues et si lointaines eût jetée en d’étranges préoccupations.

Un jour Tartarin se reposait tranquillement chez lui, dans sa petite maison, ses babouches aux pieds, douillettement enveloppé de sa robe de chambre, pas inoccupé cependant, car près de lui, sur sa table, s’éparpillaient des livres et des papiers : les relations de voyages de Bougainville, de Dumont-Durville, des ouvrages sur la colonisation, des manuels de cultures diverses. Au milieu de ses flèches empoisonnées, avec l’ombre du baobab qui tremblotait minusculement sur les stores, il étudiait « sa colonie » et se bourrait la mémoire de renseignements puisés dans les livres. Entre temps il signait quelque brevet, nommait un grand de première classe ou créait sur papier à tête un emploi nouveau pour satisfaire, autant que possible, le délire ambitieux de ses concitoyens.

Tandis qu’il travaillait ainsi, ouvrant de gros yeux et soufflant dans ses joues, on lui annonçait qu’une dame voilée de et qui refusait de dire son nom, de-