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Page:Daudet - Port-Tarascon, 1890.djvu/80

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place dans l’arrimage de la cale, il donnait des conseils d’un ton patriarcal :

« Vous emportez trop, mes enfants. Vous trouverez tout ce qu’il vous faut là-bas. »

Ainsi lui, ses flèches, son baobab, ses poissons rouges, il laissait tout ça, se contentant d’une carabine américaine à trente-deux coups et d’une cargaison de flanelle.

Et comme il surveillait tout, comme il avait l’œil à tout, non seulement à bord mais aussi à terre, tant aux répétitions de l’orphéon qu’aux exercices de la milice sur le cours !

Cette organisation militaire des Tarasconnais, survivant au siège de Pampérigouste, avait été renforcée, en vue de la défense de la colonie et des conquêtes que l’on comptait faire pour l’agrandir ! Et Tartarin, enchanté de l’attitude martiale des miliciens, leur exprimait souvent sa satisfaction, ainsi qu’à leur chef Bravida, dans des ordres du jour.

Pourtant un pli sillonnait anxieusement parfois le front du Gouverneur.


Deux jours avant l’embarquement, Barafort, un pêcheur du Rhône, trouvait dans