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Page:Daveluy - Le cœur de Perrine, 1936.djvu/150

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— Je ne l’ai pas accusé, mon frère…

— Sans doute, sans doute, mais c’est tout comme. Et je suis plus qu’heureux qu’il ne soit pas ici. Il serait mécontent que tu aies osé, même en esprit, faire un rapprochement, entre cette fille, jolie, peut-être, mais trop délurée, si vulgaire…

— Bien, Charlot. Quel ami André a en toi !

— Je le crois bien.

— Mais si nous laissions ton beau-frère…

— Ton mari, ma chère Perrine !

La jeune femme resta un moment interloquée. Son frère avait parfois des mots sévères, qui portaient droit, et dont la spontanéité, l’inattendu, empêchaient qu’on s’en blessât. Mais ils n’en étaient pas moins durs à supporter au premier moment.

— Écoute, Perrine, je vois très bien qu’il y a une chose que tu ne tiens pas à me dire. Je ne forcerai pas tes confidences… Mais d’autres seront moins discrets. Tu sais bien que mon serviteur huron, apprenant demain que tu chasses sa fille, voudra en connaître la raison, et arrachera à celle-ci la vérité, à coups de bâton, s’il le faut.

— Tu ne laisseras pas maltraiter inutilement cette fille sauvage, Charlot, n’est-ce pas ?

— J’interviendrai certainement. Mais voici. Si elle part, son père voudra la suivre…