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Page:Daveluy - Le cœur de Perrine, 1936.djvu/203

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— Tais-toi, Charlot ! Tu es cruel, cruel !

— Non, ma sœur. Tu dois regarder en face les gestes magnifiques, quoique sanglants, que nous voulons tous poser, que nous posons ici, pour que ce cher pays demeure chrétien et français…

— Le cœur des femmes n’est peut-être pas fait de la même argile que le vôtre. Notre tendresse se rebelle sans cesse contre la mort… Elle vous laisse si seule… avec des larmes, qui ne sèchent plus…

— Perrine, tu ne serais donc brave que devant la vie, fit plus doucement Charlot. Il souriait maintenant, profondément ému, en face de ce cœur qui s’ouvrait enfin et pleurait tout près de lui. Qu’elle lui rappelait sa Lise bien-aimée en ce moment !

— Peut-être, mon frère ! La vie, je me bats avec elle depuis si longtemps.

— C’est parfois plus dur de vivre que de partir… pour un monde meilleur, après tout.

— Et celles qui restent, celles qui restent. Charlot, cria Perrine en pressant son frère contre elle.

Charlot tressaillit. Elle avait raison, sa sœur. Deux fois, Charlot avait éprouvé ce sentiment de désolation terrible qui saisit l’être au moment du départ d’un cœur que l’on aime plus que soi-même.

On frappa à cet instant à la porte.