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Page:David - Les Patriotes de 1837-1838, 1884.djvu/102

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les patriotes

C’était une noble femme. Elle avait résolu de fortifier son fils par son courage et sa résignation, au lieu de l’attrister par le spectacle de ses larmes. Elle tint parole ; dominant son émotion, elle lui dit en le quittant :

— Mon fils, tu pars pour l’exil, tu as voulu te sacrifier pour tes compagnons de prison. Sois courageux jusqu’à la fin. Je suis fière de toi. Je me consolerai dans ton absence en pensant que Dieu m’a donné des enfants aussi bons patriotes et dignes de moi.

Les femmes de Sparte n’étaient pas plus héroïques.

Le Dr Masson, après son exil, alla se fixer à Fort-Covington, dans l’état de New-York, revint dans le pays, quelques années plus tard, pratiqua comme médecin, fut élu député du comté de Soulanges, et mourut à un âge assez avancé.


pierre amiot


C’était un dur régime que celui de la prison de Montréal en 1837 et 1838, un véritable régime de prison d’État, qui tue plus lentement, mais presque aussi sûrement que l’échafaud.

Sans les secours généreux donnés aux prisonniers par des parents ou des amis, un grand nombre auraient succombé. On leur donnait pour toute nourriture une livre et demie de pain par jour et un gallon d’eau, une cellule où un homme pouvait à peine se retourner quand il était couché, point de lit ni de paillasse, pas même une couverture.

Il est facile de s’imaginer l’effet que produisait un pareil régime sur des hommes habitués à bien vivre, et en proie aux angoisses les plus douloureuses. Parmi ceux qui ne purent y résister, il faut placer au premier rang M. Pierre Amiot.

Fait prisonnier près du champ de bataille de Saint-