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Page:David - Les Patriotes de 1837-1838, 1884.djvu/131

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les patriotes

pour ne s’arrêter qu’en bas de Québec, où messieurs les Anglais ne tentèrent pas d’aller lui faire la cour.

« Mal en prit à M. Pacaud de ne pas en avoir fait autant. À son retour chez lui, un lieutenant des Gardes, avec qui il avait lié connaissance quelques jours auparavant, lui annonça — avec tous les ménagements possibles, il est vrai — qu’il était chargé de la pénible mission de l’arrêter.

« — Eh bien, soit ! s’écria M. Pacaud ; j’aime autant en avoir le cœur net une fois pour toutes. Mais vous êtes gentilhomme, et j’ai une faveur à vous demander : c’est de m’accompagner vous-même jusqu’à la prison, pour me protéger autant que possible contre la canaille de Montréal, qui se fait un jeu de maltraiter les prisonniers.

« Je ferai tout en mon pouvoir pour vous être agréable, répondit le lieutenant ; et la preuve c’est que, d’ici à quelques jours, vous pouvez vous installer dans la partie de votre maison qui vous conviendra le mieux : vous serez mon prisonnier sur parole.

« — Mais en somme, demanda M. Pacaud, de quoi suis-je donc accusé ?

« — Vous le demandez, cher monsieur ! Votre cas est très-grave :

« Vous avez été capitaine d’une compagnie d’insurgés :

« Haute trahison !

« Vous avez arboré des insignes républicains sur le territoire de Sa Majesté ;

« Haute trahison !

« Vous avez émis des assignats payable sur le trésor de la future fédération canadienne :

« Haute trahison !

« Vous avez personnellement et publiquement porté les armes contre la couronne britannique :

« Haute trahison !