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Page:David - Les Patriotes de 1837-1838, 1884.djvu/133

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les patriotes

qui l’avait arrêté, que le convoi fût dirigé, le soir même, sur la prison de Montréal.

« On traversa le fleuve en horse-boat.

« En embarquant, M. Pacaud faillit être la victime d’un accident fâcheux. Un soldat ivre trébucha de telle façon que sa baïonnette aurait infailliblement transpercé notre ami, sans l’agilité de celui-ci qui, par un bond rapide, réussit à éviter un coup qui pouvait être fatal.

« À l’approche du bateau, la rive se couvrit, comme par enchantement, d’une multitude de ces misérables dont l’occupation favorite était de lapider les patriotes prisonniers. La fatalité voulut qu’en mettant pied à terre, M. Pacaud, qui est de taille moyenne, marchât à côté du major Jean-François Têtu, homme de très haute taille. Or, le bruit courait que les deux Nelson, Robert et Wolfred, étaient au nombre des prisonniers ; et, comme la canaille qui les attendait savait que l’un était petit, tandis que l’autre mesurait près de six pieds, et que, du reste, il faisait déjà un peu sombre, M. Pacaud et son compagnon furent pris pour les deux patriotes anglais. Toute la rage des assaillants se dirigea alors contre eux. Ils devinrent le point de mire des projectiles. Les trognons de pommes, les œufs pourris, les pierres mêmes pleuvaient ; et si les troupes n’eussent chassé cette nuée de bandits à coups de crosse et de plat de sabre, Dieu sait ce qui en serait résulté.

« M. Pacaud qu’un acte de lâcheté révolte souverainement, ne peut faire allusion à cette scène dégoûtante, sans frémir encore d’indignation et de colère.

« Enfin, la porte de la prison se referma sur eux.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

« Au printemps, M. Pacaud, qui comptait de hautes protections auprès des autorités anglaises, fut relâché sur un cautionnement de dix milles piastres, probable-