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Page:David - Les Patriotes de 1837-1838, 1884.djvu/137

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les patriotes

répond à cette attaque par une décharge générale, une balle emporte le chapeau de Lambert.

— Ah ! vous gâtez mon chapeau, dit Lambert, vous allez payer pour.

Ils rechargent leurs fusils au milieu d’une grêle de balles, tirent presqu’à bout portant et descendent à la hâte la côte où ils se trouvaient. Mais nos deux braves s’apercevant que les soldats mettaient le feu à toutes les maisons d’où ils avaient tiré, crurent qu’ils feraient mieux de discontinuer des escarmouches qui ne produisaient pas un grand effet. Ils se rendirent au camp où il ne trouvèrent plus qu’une soixantaine d’hommes armés que protégeaient des retranchements formés d’arbres renversés.

La lutte était impossible.

Que pouvait faire cette poignée de braves, aussi mal armée que mal commandée, contre un ennemi nombreux et aguerri ? Ils se battirent avec courage, néanmoins ; pendant une heure ils tinrent l’ennemi en échec. Parmi ceux qui se distinguèrent dans cette mémorable et triste affaire, on s’accorde à mettre Viger au premier rang.

Après la bataille, Viger traversa à Saint-Marc et passa la nuit chez M. Drolet. Nelson étant arrivé, le lendemain, on résolut, d’abord, de retourner à Saint-Denis pour y tenter une seconde fois la fortune ; mais, voyant qu’on ne pourrait réunir une force suffisante, on se décida à s’en aller chacun de son côté.

Viger partit pour la frontière avec M. Isaac Laroque. Ils prirent les bois et marchèrent longtemps sans accident ; mais à Bedford, ils furent arrêtés par des volontaires qui leur demandèrent d’où ils venaient. Ils répondirent qu’ils venaient de Québec. Les volontaires parurent les croire, mais quand ils les virent gagner le bois, ils se mirent à leur poursuite. Viger et Laroque auraient pu s’échapper, s’ils avaient connu le bois ;