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Page:David - Les Patriotes de 1837-1838, 1884.djvu/153

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les patriotes

Aux preuves que nous avons déjà données ajoutons les suivantes :

Le jour du combat, quand quelques uns des chefs patriotes, venus de Montréal, voyant la résistance inutile, se décident à s’éloigner, Chamilly de Lorimier avertit Chénier et l’engage à en faire autant.

— Non, répond Chénier, faites ce que vous voudrez, quant à moi je me bats et si je suis tué, j’en tuerai plusieurs avant de mourir.

— Eh bien ! alors dit de Lorimier, ému, prenez ces pistolets, vous en aurez besoin.

Et il lui remit deux pistolets qu’il avait apportés de Montréal.

Voyons maintenant si sa conduite et ses actes ont été conformes à ses paroles et à ses promesses.

Le témoignage de M. Paquin, qui le traite si sévèrement, pourrait suffire. Voici ce qu’il dit :

« Le Dr Chénier voyant que tout espoir était perdu et qu’il ne pouvait plus songer à se défendre dans l’église qui était devenue la proie des flammes, réunit quelques-uns de ses gens et sauta avec eux par les fenêtres du côté du couvent. Il voulait essayer de se faire jour au travers des assaillants et de s’enfuir, mais il ne put sortir du cimetière, et bientôt, atteint d’un coup de feu, il tomba et expira presque immédiatement. »

F. H. Grignon, surnommé l’Ours Blanc, à cause de son courage, a été témoin oculaire des derniers instants de Chénier, il a raconté à tout le monde ce qui s’est passé et personne n’a jamais songé à le contredire. Il a vu Chénier tirer plusieurs fois sur l’ennemi après être sauté dans le cimetière. Il ajoutait que Chénier et Guitard ne voulurent pas fuir avec les autres, mais qu’ils firent face à l’ennemi et se battirent jusqu’à la mort.

L’Américain Teller qui a écrit l’histoire des événe-