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Page:David - Les Patriotes de 1837-1838, 1884.djvu/157

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les patriotes

Il était intelligent, mais sujet, dit un témoin, le père Cadieux, à des absences d’esprit ; le moindre chagrin le troublait et le rendait incapable de vaquer à ses affaires. Il se jeta, tête baissée, dans l’agitation populaire en 1837, envoya au gouvernement sa démission comme colonel de milice, et se mit à la disposition de Papineau et de Nelson. C’était le sergent-instructeur des patriotes. Il parut à la grande assemblée de Saint-Charles, à la tête d’une compagnie de fusilliers dont la bonne mine et la discipline furent admirées.

Il était à Saint-Denis, et c’est lui que Nelson chargea de faire conduire le lieutenant Weir à Saint-Charles, quelques instants avant la bataille de Saint-Denis. Accusé de la mort de cet infortuné jeune homme, il avait été arrêté, dans les premiers jours de décembre, près de la frontière américaine, et il y avait deux ans qu’il languissait dans les cachots de la prison de Montréal, lorsqu’on se décida à lui faire subir son procès.

Le 30 août précédent, M. Charles Mondelet avait fait, devant la Cour du Banc du Roi, une motion demandant qu’il fût permis au prisonnier de retirer son plaidoyer de « non coupable, » et d’y substituer un plaidoyer spécial fondé sur l’amnistie proclamée, le 28 juin 1838, par lord Durham.

La substance de ce plaidoyer était que, le 25 juin 1838, lord Durham avait lancé une proclamation d’amnistie générale pour tous crimes de haute trahison et autres offenses de cette nature ; qu’en vertu d’une ordonnance, publiée le même jour, le prisonnier, accusé du meurtre de Weir, avait été excepté, et que cette ordonnance ayant été désavouée depuis par Sa Majesté, la proclamation d’amnistie générale devait s’appliquer sans exception à tous les délinquants, y compris le prisonnier. Après une vive et habile discussion entre MM. Mondelet et le solliciteur général Stuart, la motion