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Page:David - Les Patriotes de 1837-1838, 1884.djvu/165

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les patriotes

là, l’on aurait pu, tout au plus, arrêter, pour menées séditieuses, ceux que l’on aurait accusés de ces offenses imaginaires ; mais jamais l’on eût dû lancer des warrants de haute-trahison par la raison toute simple qu’aucun overt-act, aucun acte ouvert de haute-trahison n’avait alors été commis. Cependant le gouvernement d’alors eut le malheur de bien d’autres gouvernements ; celui d’être entouré d’ignorants, de méchants et de coquins, qui savaient ou devaient savoir qu’aucun acte de haute-trahison n’avait été commis à cette époque. Ces hommes ignorants et méchants, ces coquins osèrent aviser le gouvernement d’émettre des warrants de haute-trahison, contre le Dr Wolfred Nelson et autres hommes marquants, qui n’avaient rien fait qui constituât l’offense bien définie de haute-trahison. Le Dr Wolfred Nelson et ses amis, informés qu’il existait des gens assez ignorants ou assez méchants pour pervertir ainsi la loi, pressentirent bien naturellement qu’un gouvernement assez immoral pour en agir ainsi, le serait assez pour trouver les moyens de les faire condamner et de les faire exécuter. Ils décidèrent donc bien naturellement qu’il valait mieux pour eux périr honorablement dans la tranchée, que de servir, sur l’échafaud, de victimes d’expiation, à la vengeance des coquins qui entouraient et conseillaient le gouvernement. Ils préférèrent les chances du combat à la certitude d’une mort sur l’échafaud, qui, bien qu’elle n’eût pas été déshonorante, n’en était pas moins à éviter. Ils résistèrent. C’est donc le gouvernement qui a causé et accéléré l’insurrection de 1837. C’est sur le gouvernement, et sur le gouvernement seul, qu’en doit retomber la responsabilité.

« Il est certain qu’à cette époque, les esprits étaient tellement excités, et la détermination d’opposer la force à la force, tellement enracinée parmi les habitants de cette section de la rivière Chambly, ou se