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Page:David - Les Patriotes de 1837-1838, 1884.djvu/181

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les patriotes

avait sa parfaite connaissance et me reconnut. Il était calme. Pendant que j’étais avec lui, je vis qu’il éprouvait les plus cruelles douleurs dans le bas-ventre. Ses belles couleurs avaient disparu, et une pâleur tirant sur le jaune couvrait son visage. Peut-être n’avait-il pas perdu toute espérance. Quand je lui dis que je ne serais pas son ami, si je ne lui disais pas que sa blessure était grave, qu’on craignait pour lui, qu’il fallait mettre ordre aux affaires de sa conscience, il me parut résigné à la volonté de Dieu, j’entendis sa confession, lui donnai l’extrême-onction, et l’indulgence in articulo mortis. Je le quittai, je crois, comme le soleil se couchait. Si je me rappelle bien, il mourut cette nuit-là même. Les funérailles n’ont pas eu lieu ici : le corps fut transporté à Saint-Antoine ; c’est là qu’il a été enterré. La maison où les patriotes se défendaient pouvait être à 1 arpent de la maison de M. D’Eschambeau.

Voilà ce qui est à ma connaissance relativement à ce que vous m’avez demandé. Je n’ai pu vous faire une plus prompte réponse.

J’ai l’honneur d’être,
Monsieur,
Votre respectueux serviteur,
F. Demers, ptre.


La nouvelle de la mort de M. Perrault produisît partout la plus douloureuse sensation, fit couler les larmes les plus sincères. La joie produite parmi les patriotes par le triomphe de Nelson et de ses braves compagnons, ne put compenser la peine que leur faisait éprouver la fin prématurée d’une existence qui leur était si chère. Les électeurs du comté de Vaudreuil dont il était l’orgueil et l’espoir, furent frappés de stupeur, lorsqu’ils apprirent la fatale nouvelle.

Ces regrets n’étaient pas exagérés, car il n’y a pas de doute que M. Perrault serait devenu, s’il eût vécu, l’un des hommes les plus distingués de ce pays. Doué d’un jugement solide, d’un esprit vif et péné-