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Page:David - Les Patriotes de 1837-1838, 1884.djvu/224

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les patriotes

de lord John Russell l’avaient exaspéré et convaincu que l’émancipation seule sauverait la liberté du pays. Il cachait si peu ses pensées que son abstention, pendant l’insurrection de 1837, n’empêcha pas les bureaucrates du comté de Laprairie de chercher à le faire arrêter. Sa femme et ses amis lui ayant conseillé de se soustraire à la vengeance de ses ennemis, il partit pour les États-Unis et se rendit à Covington où il rencontra Nelson et bon nombre d’autres patriotes réfugiés.

Un seul sentiment anima bientôt ces braves gens, c’était de rentrer dans leur pays, les armes à la main.

Cardinal promit de se dévouer à tout mouvement qui aurait l’appui des États-Unis.

Il revint au Canada, dans le mois de février, et se fiant à ce qu’on lui disait relativement aux secours étrangers que les patriotes devaient recevoir, il travailla énergiquement au succès de l’insurrection de 1838.

Le 3 novembre, Cardinal et Duquette étaient à la tête des patriotes qui allèrent au village de Caughnawaga pour s’emparer des armes des sauvages. Nous avons déjà fait le récit de cette triste expédition, de l’arrestation de Cardinal et de ses compagnons, de leur procès et condamnation.

C’est le 8 que Cardinal, Duquette et François-Maurice Lepailleur furent condamnés à mourir.

M. Lepailleur échappa cependant à l’échafaud ; il fut transporté en Australie d’où il revint après cinq ans d’un exil douloureux. Il s’établit à Montréal, épousa la veuve de son pauvre ami Cardinal, et devint l’un des citoyens les plus paisibles et les plus estimés de notre ville. Il vit encore, jouit d’une bonne santé et se propose de vivre encore longtemps.