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Page:David - Les Patriotes de 1837-1838, 1884.djvu/235

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les patriotes

la douleur dans le cœur, les sanglots dans la voix, pour demander à Votre Excellence le pardon de son fils. Demain, l’ordre fatal en vertu duquel le fil de ses jours sera tranché, doit être exécuté. Faut-il qu’il meure au matin de la vie, lui, le seul soutien de sa vieille mère dans les derniers jours de son existence, lui, le seul protecteur de ses trois jeunes sœurs, lui, ce modèle parfait de piété filiale et d’amour fraternel, lui, si chéri de tous ses amis ! Faut-il que sa jeune tête tombe en sacrifice sur l’échafaud ensanglanté ? Faut-il que votre Requérante et les enfants qui lui restent (peut-être, hélas ! pour son malheur) soient réduits à mendier leur pain de chaque jour ? Si abondant que serait ce pain, il sera toujours mangé dans l’amertume de notre âme, car il ne viendrait plus d’un fils bien-aimé, d’un frère idolâtré ! Et tout cela, parceque l’infortuné jeune homme s’est un moment laissé égarer et s’est jeté dans la tempête qui a enveloppé tant d’hommes d’âge et d’expérience. Non, non ! Votre cœur qui connaît le sentiment de l’amour paternel, doit compatir à ma situation. Vous ne pouvez dédaigner la prière d’une mère malheureuse ; et si vous ne me rendez pas mon fils, vous commuerez au moins sa sentence et lui donnerez au moins le temps de se repentir. Vous vous souviendrez qu’il n’a pas répandu une seule goutte du sang de ses semblables. Vous n’oublierez pas ce qu’il a déjà souffert. Vous n’oublierez pas non plus ce que votre Requérante a souffert pour lui, lorsqu’elle fut chassée de sa demeure par le feu qu’y avait allumé la main de l’incendiaire. La clémence, qui est la vertu des rois, devrait être une de vos plus nobles jouissances. Pardonnez donc à mon fils, et tous ses compatriotes se joindront à moi pour bénir votre mémoire. Pardonnez à mon fils, et l’expérience apprendra au monde que la miséricorde et non la rigueur produit la loyauté.

« Et votre Requérante ne cessera d’implorer le ciel