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Page:David - Les Patriotes de 1837-1838, 1884.djvu/265

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les patriotes

« — Chevalier de Lorimier ! »

« Celui-ci sortit avec les gardiens et la porte se referma une seconde fois.

« Une troisième fois, la porte s’ouvrit. J’étais occupé au fond de la salle à faire cuire quelque chose dans une casserole, je m’entendis appeler. Laissant là mon ustensile, je me rendis auprès du geôlier, en disant à mes compagnons :

« — C’est mon tour ! mais le geôlier me dit en anglais :

« — Ce n’est pas vous que j’ai appelé, c’est M. Lepailleur, et c’est simplement pour lui remettre des provisions que lui envoient ses parents.

« Nos deux malheureux compagnons, de Lorimier et Hindelang, revinrent bientôt vers nous, et nous dirent, en entrant dans le groupe que nous avions formé pour les recevoir :

« — Réjouissez-vous, nous sommes les deux seules victimes choisies dans cette section ; mais il y en a trois prises dans les autres parties de la prison, ce sont Rémi Narbonne, François Nicolas et Amable Daunais.

« Il y avait, en ce moment, au milieu de nous, deux dames parentes de l’infortuné de Lorimier, sa sœur et sa cousine, accompagnées d’un monsieur de la famille ; ces pauvres dames fondaient en larmes. La victime les consolait par des paroles angéliques, pleines de foi et de résignation :

« — Mon sacrifice est fait, disait-il, et j’ai l’espoir d’aller voir mon Dieu ; une seule chose assombrit mes derniers moments, c’est la pensée du dénuement de ma femme et de mes enfants ; mais je les confie à la divine Providence.

« Vers six heures du soir, les guichetiers vinrent nous dire qu’il fallait entrer dans nos cachots. Nos visiteurs se retirèrent alors, la douleur dans le cœur. J’ai déjà dit que nous étions deux par deux. Le compagnon de