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Page:David - Les Patriotes de 1837-1838, 1884.djvu/269

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les patriotes

puis il se coucha. Je veillai près de lui ; il dormit à peu près trois heures fort tranquillement.

« Vers les sept heures (vendredi 15 février 1839), son confesseur arriva ; il venait lui apporter le Saint-Viatique et devait attendre pour l’accompagner à l’échafaud. Le condamné reçut la divine communion avec ferveur dans son cachot, où il demeura jusqu’à huit heures, en actions de grâces avec son confesseur. Le temps était venu pour de Lorimier de se préparer à marcher au supplice ; le prêtre se retira pour quelque temps. Ce fut moi qui aidai mon malheureux ami à faire sa toilette de victime… Comme je lui fixais au cou une petite cravate blanche, il me dit :

« — Laissez l’espace nécessaire pour placer la corde.

« Les larmes me partirent en torrents des yeux.

« Aussitôt que sa toilette fut terminée, de Lorimier sortit du cachot, et s’adressant à tous les prisonniers, leur demanda de dire en commun la prière du matin. Ce fut lui-même qui la fit d’une voix haute, ferme et bien accentuée. À l’invitation de de Lorimier, Hindelang, qui jusque là était resté dans sa cellule, en sortit et se joignit à nous, pour assister à la prière ; il ne se mit pas à genoux comme les autres, mais il se tint, tout le temps, debout, la tête inclinée en avant et les mains jointes sur la poitrine. Oh ! comme nous le plaignîmes alors, et comme nous remerciâmes Dieu de nous avoir fait la grâce d’appartenir à son Église sainte !

« À la suite de la prière, les deux condamnés prirent une tasse de café.

« J’avais demandé à nos infortunés amis de me laisser comme souvenir quelque chose venant directement d’eux, ce fut alors que chacun me remit une mèche de ses cheveux ; ceux de de Lorimier étaient contenus dans un billet dont voici la copie :