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Page:David - Les Patriotes de 1837-1838, 1884.djvu/274

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les patriotes

Ô cruelle pensée ! Cependant je leur pardonne de tout mon cœur.

« Quant à toi, ma chère, tu dois prendre courage et te pénétrer de la pensée qu’il faut que tu vives pour l’amour de tes enfants infortunés qui auront grandement besoin des soins d’une mère tendre et dévouée. Pauvres enfants ! ils n’auront plus mes caresses et mes soins.

« Je t’assure, ma chère Henriette, que si des régions célestes, il m’est permis de veiller sur toi et de t’aider, je fortifierai ton cœur brisé. Mes chers petits enfants seront privés de mes caresses, mais tu leur donneras doublement les tiennes afin qu’ils ressentent moins la perte qu’ils auront faite. Je ne te verrai plus dans ce monde. Oh ! quelle pensée ! Mais toi, ma chère Henriette, tu pourras me voir encore une fois, mais alors mon corps sera froid, inanimé, défiguré. Je finis, ma chère Henriette, en offrant à Dieu les prières les plus sincères pour ton bonheur et celui de mes chers petits enfants. Hier soir, tu as reçu mes derniers embrassements, mes adieux éternels, — cependant du fond de mon cachot humide et sinistre, au milieu des appareils de la mort, je sens le besoin de te dire un dernier, dernier adieu. Ton tendre et affectueux mari enchaîné comme un meurtrier, dont les mains seront bientôt liées, te souhaite, ma chère Henriette, de jouir de tout le bonheur dont ton cœur brisé sera susceptible à l’avenir.

« Sois donc heureuse, ma chère et pauvre femme, ainsi que mes chers petits enfants, c’est le vœu le plus ardent de mon âme. — Adieu, ma tendre femme, encore une fois adieu ; vis et sois heureuse.

« Ton malheureux mari,
« Chevalier de Lorimier. »