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Page:David - Les Patriotes de 1837-1838, 1884.djvu/280

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les patriotes

Le 12 février 1839, un mardi, M. de Lorimier reçut l’avis qu’il serait exécuté, le vendredi suivant, et écrivit à un de ses cousins, à Montréal, la lettre que voici :


« Montréal, Prison Neuve, 12 février 1839.


« Mon cher cousin et ami,

« Quelque pénible que soit pour moi l’obligation de vous faire connaître la triste nouvelle qui m’a été annoncée aujourd’hui, je sens qu’il est de mon devoir de le faire sans hésitation. L’obligation dans laquelle vous m’avez mis par votre bonté et votre générosité et le souvenir des services que vous m’avez rendus me portent à vous faire connaître que ma fin est proche. Je m’acquitte d’un devoir, je le sais, qui va causer de la peine à votre cœur. M. Day, juge-avocat de la cour martiale, m’a dûment donné avis de me préparer à la mort pour vendredi prochain. Tous les efforts que vous avez faits pour arracher votre malheureux cousin au vil et odieux bourreau ont été vains. Mais à ce moment solennel de ma courte existence, je ne vous en suis pas moins reconnaissant de vos tentatives. Nous ne devons pas juger les choses d’après le succès ou le non succès qu’elles ont rencontré. Pour moi vous avez fait tout ce qui était en votre pouvoir, c’est ce que je considère, et ce pourquoi je vous prie d’accepter l’expression de ma plus vive reconnaissance. J’ai encore un service, allez sans délai, voir ma chère Henriette. C’est à vous qu’il convient de lui offrir les consolations qu’elle peut recevoir sur cette terre de malheur. Pauvre malheureuse femme ! De ma prison, il me semble voir son pauvre cœur brisé s’abandonner à la douleur et au désespoir. Mais à quoi serviront ses douleurs et ses larmes ? Mon sort est irrévocablement réglé. Ma mort est résolue et est très importante