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Page:David - Les Patriotes de 1837-1838, 1884.djvu/284

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les patriotes

vos mérites et votre bonté envers des orphelins, j’offrirai pour vous au roi du Ciel les prières les plus ardentes.

« Assurez votre belle-sœur et sa charmante fille de ma plus tendre amitié. Soyez heureux, vous et votre femme ; c’est le vœu d’une âme malheureuse mais patriotique qui dans quelques heures défiera les tortures des tyrans anglais et ira dans l’éternelle demeure des justes où les tyrans ne sont jamais admis.

« Adieu pour toujours ! Prenez courage ; notre pays sera délivré du joug de l’Angleterre. Vous verrez cela, mais moi !…

« Adieu encore une fois pour toujours ! Je ferme cette lettre. Gardez-la comme souvenir.

« Chevalier de Lorimier. »

Lettre écrite par de Lorimier, le jour de son exécution, à une dame qui lui avait demandé d’écrire dans son album quelques lignes qu’elle garderait comme souvenir.


« Montréal, Prison-Neuve, 15 février 1839,
5 heures a. m.


« Vous voulez, madame, que j’écrive un mot dans votre album. Que puis-je écrire, je vous le demande ? Vais-je abandonner mon âme à des sentiments de regret, à de tristes pensées ? Vous diriez que ces sentiments ne sont pas dignes d’un homme qui meurt pour la liberté de son pays. Vous dirai-je, pour vous attendrir, tout ce que j’ai souffert dans mon cachot depuis que je suis tombé dans les mains de mes cruels ennemis ? Ce serait, comme je viens de le dire, peu digne de la position que j’occupe devant le monde. Vous m’avez visité