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Page:David - Les Patriotes de 1837-1838, 1884.djvu/327

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les patriotes

population soulevée en grande partie et provoquée tous les jours par leur fanatisme et leur orgueil ?

N’est-il pas étonnant qu’il y ait eu aussi peu d’actes de violence ?

Nous les avons connus d’ailleurs ces hommes dangereux, il en vit encore plusieurs. Existe-t-il de meilleurs citoyens, des chrétiens plus sincères, des amis plus fidèles de leur religion et de leur patrie ? Les Morin, les Girouard, les Lafontaine, les Cartier et les Fabre étaient-ils des hommes bien dangereux ?

Le clergé lui-même ne les a-t-il pas reconnus comme les chefs du peuple pendant quarante ans ?

Ceux qui moins heureux ont péri dans la tourmente et ont poussé le sacrifice jusqu’à la mort, sont-ils moins dignes de notre estime ?

On pousse la malice jusqu’à faire un crime à de Lorimier et à quelques autres patriotes d’avoir essayé d’échapper aux fureurs de la cour martiale en niant la vérité des accusations portées contre eux. Est-ce raisonnable, et cette accusation mérite-t-elle d’être relevée ? Depuis quand, sous la loi anglaise, fait-on un crime à l’accusé de plaider « non coupable ? » Du reste, en supposant même que pour sauver leur vie, ils auraient eu un moment de faiblesse, ils ne seraient pas les premiers qui avant d’être tout à fait résignés à mourir auraient dit : « Éloignez de moi ce calice. »

On prétend aussi que plusieurs ont reconnu leur erreur et demandé pardon de s’être révoltés. On devrait avoir honte de faire un usage aussi scandaleux des déclarations faites, à la veille de mourir, par de pauvres gens qui abandonnés des hommes, ont dit tout ce qu’ils ont cru nécessaire pour mourir en paix avec Dieu.

Mais pourquoi les défendre davantage ? Il y a déjà longtemps que l’opinion publique et le sentiment national ont rendu jugement en leur faveur.