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les patriotes

Les dames Dumouchel, Lemaire, Girouard, et Masson ne furent pas exemptes ; à peine resta-t-il à ces dernières de quoi couvrir leur nudité. Je ne sais encore comment ces infortunées dames ont pu survivre à tant de misères et de malheurs. On avait défendu, sous peine d’incendie, aux habitants de donner l’hospitalité à ces pauvres dames, et elles seraient mortes de froid, sans le courage de quelques bons citoyens qui leur offrirent un logement au risque de subir la vengeance loyale. Elles ont, néanmoins, montré une fermeté et un courage au-dessus de leur sexe, et paraissent avoir conservé leur santé, à l’exception de Mlle Olive Lemaire et de Mlle Cléophé Masson.

« La pauvre Olive, ma chère fille, elle que je chérissais tant et qui m’aimait si tendrement ! Elle n’a pu survivre longtemps au froid et aux misères qu’elle a endurés. J’ai appris, ces jours derniers, la nouvelle de sa mort, et je vous avoue que ma sensibilité l’a emporté dans cette catastrophe ; j’ai été affecté jusqu’à en être sérieusement malade, moi qui avais supporté avec tant de courage tous les autres malheurs dont nous avons été les victimes. Quand à Mlle Masson, son frère, le docteur Masson, vient d’apprendre qu’elle est dangereusement malade.

« Ces barbares entrèrent dans la maison de Benjamin Maynard, à la côte Saint-Jean de Saint-Benoît. Sa femme y était et avait mis un enfant au monde deux jours auparavant. Ils lui arrachèrent son lit et l’effrayèrent tellement qu’elle en mourut le lendemain.

« Les volontaires et les loyaux furent ceux qui commirent le plus de cruautés et de déprédations. Ils s’en retournèrent chez eux avec un nombre considérable d’animaux et de voitures chargées de lits, meubles, grains et autres provisions, instruments d’agriculture et autres effets. Ainsi des familles nombreuses auxquelles ils avaient arraché tout ce qu’elles possédaient,