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Page:David - Les Patriotes de 1837-1838, 1884.djvu/73

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les patriotes

s’empêcher d’admirer leur bonne mine, leur contenance fière et digne.

C’étaient tous aussi des hommes fortement trempés, et dont les traits accusaient l’énergie et l’intelligence.

À Québec, on les embarqua à bord d’un bâtiment de guerre, la Vestale, et on mit à la voile du côté des Bermudes.

Triste voyage !

Presque tous jeunes, à l’âge des nobles illusions, des sentiments énergiques qui rendent l’homme capable de tout, ils se voyaient jetés subitement dans l’isolement, réduits à l’inaction, loin de tout ce qu’ils aimaient. Ils avaient les yeux sans cesse tournés du côté de la patrie et chaque mouvement du navire qui les en éloignait les faisait tressaillir.

Ils furent bien traités, heureusement, durant la traversés ; lord Durham avait fait mettre à bord, pour eux, toute espèces de provisions, les meilleurs vins. Le 24, après vingt jours de traversée, la Vestale entra dans le port d’Hamilton.

Ils étaient arrivés au terme de leur voyage, au lieu de leur exil. Nelson et Gauvin eurent la liberté de choisir le logement qui leur conviendrait ; les autres furent installés dans un hôtel.

On les laissa libres de sortir, de parcourir l’île, après leur avoir fait promettre de ne pas chercher à s’évader ; on leur défendit de travailler, même de pratiquer comme médecins. Sans l’assistance qu’ils reçurent de leurs parents et amis du Canada, ils auraient été obligés de mendier pour vivre.

Qu’allaient-ils faire ? Comment allaient-ils passer leurs temps, chasser l’ennui ?

L’île où ils étaient ne leur offrait qu’un amusement, une distraction, la chasse. Aussi, s’en donnèrent-ils ; le gibier ne subit jamais, dans ces parages, une guerre