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Page:David - Les Patriotes de 1837-1838, 1884.djvu/85

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les patriotes

terre, ne produit pas toujours les meilleurs fruits ; les Girouard ne poussent pas partout.

On remarquait dans le jeune Girouard une variété de talents et d’aptitudes remarquables ; il apprenait ce qu’il voulait : musique, peinture, architecture, mécanique, littérature et philosophie, rien ne semblait inaccessible à son esprit souple et privilégié. Livré, après la mort de M. Gatien, à ses seules ressources, n’ayant plus personne pour le faire vivre et cultiver son esprit, il ne se découragea pas et se lança avec la plus grande ardeur à la poursuite des connaissances humaines.

Il joignit heureusement au goût et au talent d’apprendre, un caractère tenace et persévérant.

En 1812, on le trouve à Sainte-Geneviève, étudiant la loi sous Me Mailloux, et en 1816 à Saint-Eustache, où il est admis à la pratique du notariat. Il va s’établir à Saint-Benoît, qui était alors un centre d’affaires important, s’y fait en peu de temps une excellente clientèle, et y épouse une demoiselle Félix, sœur du curé de l’endroit.

La sagesse de sa conduite et de ses conseils, l’habileté, le jugement et l’honnêteté dont il faisait preuve dans l’exercice de sa profession, le patriotisme ardent qu’il manifestait en toute occasion, étendirent bientôt sa réputation au-delà des limites de Saint-Benoît. On venait de loin lui confier des affaires importantes, le consulter sur toute espèce de choses : on le forçait d’être notaire, avocat et prêtre en même temps.

Lorsque les difficultés entre les gouverneurs et la Chambre d’assemblée commencèrent à agiter le pays, il fit preuve d’une vivacité et d’un esprit de résistance qui faisaient un contraste frappant avec sa modération ordinaire. Il ressemblait, sous ce rapport, à son ami Morin, si doux, si inoffensif dans les choses ordinaires de la vie, et, cependant, si énergique, si ardent lors-