Aller au contenu

Page:David - Les Patriotes de 1837-1838, 1884.djvu/88

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
84
les patriotes

river chez lui à course de cheval. Il se rendit à la hâte à sa maison et trouva en effet le fameux Girod, qui essaya de lui faire croire qu’il venait à Saint-Benoît chercher du renfort. M. Girouard, indigné, l’apostropha dans des termes si sévères, que Girod, confus, écrasé par la honte, se retira sans rien dire pour aller trouver les MM. Masson, qui ne le reçurent pas mieux.

M. Girouard, voyant que la résistance était impossible, ne songea plus alors qu’à mettre les patriotes à l’abri de la vengeance de Colborne. Il leur conseilla de s’en aller chacun chez soi, de cacher leurs armes et d’éviter tout ce qui pourrait fournir à leurs ennemis un prétexte de leur faire du mal. Il avait lui-même l’intention de rester chez lui, mais les supplications de son épouse, et les instances des patriotes, le décidèrent à s’en aller ; on lui fit comprendre que, dans leur intérêt comme dans l’intérêt de la population, les chefs devaient disparaître. Ils partirent donc. M. Girouard se dirigea du côté des États-Unis, et s’arrêta au Côteau-du-Lac.

Sa tête était mise à prix ; une récompense de deux mille piastres étaient offerte pour son arrestation ; mais, au lieu de songer à le trahir, chacun cherchait les moyens de l’aider à s’échapper. Il se décida à accepter l’hospitalité d’un nommé Saint-Amand, un brave homme que toutes les richesses de la terre ou les supplices les plus cruels n’auraient pas fait parler. M. Girouard était en sûreté là, il pouvait y rester sans danger, et on lui offrait tous les jours de le conduire aux États-Unis. Mais quand il apprit que les Dumouchel et les Masson étaient arrêtés, il ne put résister à une pensée de générosité ; il crut qu’il devait partager le sort de ses amis, aller les rejoindre en prison. C’est ce qu’il écrivait à son épouse, le 16 janvier 1838 :

« Lorsque j’eus appris, disait-il, que tous, ou presque