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Page:David - Les deux Papineau, 1896.djvu/93

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LES DEUX PAPINEAU

Depuis la cession du pays jusqu’en 1792, des gouverneurs militaires tels que le Général Murray, ont pu maintenir contre les Canadiens l’orgueil et les jalousies d’une partie de la petite population anglaise, de gens qui se disaient les conquérants du pays, et qui n’étaient que les vivandiers de l’armée ; qui se faisaient grands eux-mêmes et qui n’étaient que petits dans l’esprit des autres. Dès lors a été mis en opération le système d’exclusion et de distinction nationale. Dans ces temps de malheur et d’ignorance, où l’on appelait à des guerres religieuses les sectes protestantes et catholiques ; dans ces temps, dis-je, on prétendit faire régner dans les Canadas ces lois de sang, et appeler sur les catholiques Canadiens la même persécution qui pesait sur les catholiques d’Angleterre. Si ce complot inique n’eut pas tout son succès, il en eut au moins de grands. C’est à cette époque qu’on disait que les Canadiens ne pouvaient pas être jurés, etc., à cause de leur religion ; et cette exclusion a été longtemps mise en pratique. On n’a choisi que des shérifs protestants : et les