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Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 1 - 1762-1765 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/114

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SEPTEMBRE 1762

cela comme une désertion : on ne sait pas pourquoi.

4. — M. Colardeau s’est senti blessé des critiques différentes qu’on a faites de sa pièce sur les vaisseaux[1] : sa bile s’est émue, et il vient de la répandre à grands flots dans une Épître à sa chatte[2]. Il règne dans cette niaiserie une amertume qui fait peu d’honneur à la philosophie du poète. Il paraît, au reste, ne pas s’en piquer. Il a fait aussi une Ode sur la poésie comparée à la philosophie[3], où il dégrade absolument cette dernière pour élever l’autre sur ses débris. Il le fait comme il le dit, car il y a de très-beaux vers dans cette pièce et pas le sens commun.

5. — On a fait une détestable épitaphe sur les Jésuites. On ne la cite que comme un échantillon de l’aveuglement du fanatisme.


Ci-gît un corps, le plus savant,
Le plus soumis, le plus fidèle ;
Détruit par le plus ignorant,
Le plus fougueux, le plus rebelle.

7. — Des marchands de la foire Saint-Ovide ont imaginé de faire de petites figures de cire habillées en Jésuite, qui ont pour base une coquille d’escargot ; cela a pris comme les pantins. À l’aide d’une ficelle on fait sortir et rentrer le Jésuite dans sa coquille. C’est une fureur. Il n’y a point de maison qui n’ait son Jésuite.

9. — M. Lemière, sans renoncer à son Térée, s’est mis en tête de remanier un sujet traité assez mal, il est vrai, par Crébillon : c’est Idoménée.

  1. V. 24 janvier 1762. — R.
  2. Épitre à Minette ; Paris, 1762, in-8o. — R.
  3. Paris, 1762, in-4o. — R.